Le savoir-faire des producteurs locaux sera mis en avant avec des animations et des rencontres :
Notre volonté sera de faire rayonner Saint-Étienne-du-Bois, en suivant les traces de l'équipe municipale en place, mais aussi plus largement la région Auvergne-Rhône-Alpes avec ses richesses architecturales, naturelles et touristiques.
Vous allez peut-être nous dire que somme toute, notre projet ressemble à n'importe quel projet, cela reste un magasin type « classique »...Ah, un lieu très important chez des fromagers...
Nous disposerons aussi d'une cave voûtée avec pour seul risque d'être magnifique une fois « restaurée » faite de pierres apparentes, lesquelles nous voulons absolument conserver et des tommettes au sol...
Les meules de Comté prendront le temps au temps pour ainsi révéler le meilleur.
Mais nous voulons à présent vous exposer le cœur du projet et que l'on veut novateur et engagé.
On peut dire que nous ne supportons pas l'injustice !
Chacun de nous, dans notre cercle familial ou dans notre entourage, nous avons un frère, un ami et un voisin qui, avec l'âge (ou alors dû à la maladie) ne peut plus avoir accès à la lecture correctement, ne peut plus remplir un chèque, ne peut plus faire son code de CB, n'arrive plus à lire les étiquettes des produits ou les dates limite de consommation, et peu à peu, ces personnes se retrouvent à l'isolement et se coupent ainsi du lien social.
Elles sont au milieu de nous sans qu'on les voit vraiment.
Pourtant, des solutions existent et pourraient grandement améliorer leur quotidien.
Durant ces quinze années dans la vente, j'ai servi à maintes reprises des personnes, âgées pour la plupart, d'autres ayant une cécité complète ou dernièrement, une cliente qui était en train de devenir non-voyante... Je me disais : « moi, à mon échelle, que puis-je faire pour l’aider ? ».
Cette phrase d'Albert Camus trouvait alors un écho particulier : il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action
Dans un style plus direct où le relief ne manque pas, je pourrais aussi citer une phrase de notre maire sur la commune, monsieur Alain Chapuis « ce sont les actes qui comptent, le reste, on s'en tape !»
Nul doute qu'il voulait dire par là qu'il peut y avoir des critiques, on doit passer au-dessus.
Et c'est vrai qu'avec son premier adjoint monsieur Claude Berardan et l'ensemble de son équipe, ils ont pendant ces six années de mandat œuvrés pour mettre en place des choses pour les personnes en situation de handicap (moteur ou déficients visuels).
Je pense notamment aux bandes de guidage au sol, bandes podotactiles avant passage piétons et accès facilité pour les personnes à mobilité réduite et par toutes ces actions menées, faciliter l'accès aux commerces qui font vivre un cœur de village.
Il convenait de saluer tout ce travail en amont, et ils ne peuvent qu'être fiers de leur travail et de leur engagement. Il serait dommage que tout ce travail s'arrête aux portes de nos magasins.
Il faut donc faire bouger les choses et proposer quelque chose de novateur, mais faut-il prendre en considération et comprendre le handicap de ces personnes pour amener une solution concrète et qui correspond à leurs besoins ?
La déficience visuelle concerne près de 2 millions de personnes en France.
Les réseaux sociaux favorisent l'ouverture sur le monde et l'autre n'est qu'à une portée de « click ».
C’est donc par ce biais que nous avons pu entrer en contact et pu échanger avec des personnes de tout âge, basse vision, déficients visuels ou non-voyants.
À partir de ces riches échanges, nous pouvons donc devenir des acteurs engagés pour défendre la cause du handicap visuel, passer à l'action pour favoriser leur retour à l'autonomie, leur épanouissement et donc l'accès à tous les possibles.
Grâce aux précieux conseils de toutes ces personnes où « pratiquer» le handicap est leur quotidien, nous allons essayer à notre échelle de mettre en place des aides techniques et des outils concrets :
- Étiquettes plus lisibles
- Contraste des couleurs pour plus de lisibilité
- Loupe grossissante avec lampe intégrée pour lire le prix ou dénomination du produit
- Envoi des tickets par mail avec dates de péremption en commentaire
Notre objectif est que nos clients puissent faire leurs achats et que le magasin leur soit aussi agréable avec des textures, des couleurs et pourquoi pas, quelques phrases en braille...
Et que pour chacun (avec un handicap ou non) se sente bien dans cet espace.
Pour mener à bien ce cœur de projet humaniste, il nous fallait donc trouver l'architecte qui allait comprendre ce que nous voulions mettre en place.
Deux architectes nous amènent le même discours à savoir qu'il faut que l'on connaisse le montant des travaux que l'on veut entreprendre et nous avance d'emblée le montant de leurs honoraires.
On sait d'ores et déjà que cela va être compliqué pour nous et que cette façon de mettre la charrette avant les bœufs ne correspond pas à notre façon de concevoir les choses.
C'est toujours en parcourant les réseaux en quête de nouvelles interviews que je découvre monsieur Eric Brun-Sanglard que je ne connais pas du tout et qui fait la promotion de son livre intitulé « Reconstruire sa maison intérieure ».
Eric est avant tout un architecte d'intérieur devenu non-voyant à l'âge de 33 ans.
Tellement en cohérence avec notre projet...je m'empresse alors de le contacter, en espérant sa réponse et par ce premier rendez-vous.
Il pouvait devenir notre espoir et notre faiseur du « enfin possible » pour établir le puzzle de toutes ces idées dans un 120 mètres carrés.
Appelé The Blind designer aux Etats-Unis, il est vrai qu'au fil de la conversation, je découvre un architecte qui a une vision hors de l'ordinaire.
À l'issue de cet échange du 15 avril 2020, je le remerciais pour son accessibilité, et lui de me dire : Merci Françoise, car vous allez travailler pour que l'on puisse accéder à nos rêves, moi, qui suis si bavarde en temps normal, je ne réponds pas car j'ai le même songe tenace, celui d'imbriquer nos rêves communs pour en faire une réalité.
C’est lui ! Au fil des contacts téléphoniques : il est devenu évident que nous avons trouvé l'architecte avec lequel nous voulons travailler et que l'on composera cet intérieur où le bien vivre ensemble tiendra toutes ses promesses.
Aujourd'hui, nous portons notre projet et nous espérons qu'il verra le jour, car il nous reste des formalités administratives.
Soyons optimistes !